Madame la Tempête


19 juil. 2019 à 08:29

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Madame la tempête

Madame la Tempête, tu as couché mon corps
Et depuis ce temps là, je vis comme on s’endort.
Même quand tu reviendras me souffler ta chanson,
Je n’tomberai pas plus bas, fais-toi une raison.
Un arbre c’est la vie sans cesse renouvelée,
Des froids soirs de novembre aux douces nuits de mai.

Et j’entendrai encore la fuite échevelée
De quelques biches inquiètes et les regarderai
Au matin qui se lève, courir dans la clairière,
Et sauter la futaie, légères dans les fougères.
Aux premiers jours de mars, je revêtirai
Mon costume d’apparat et j’attendrai l’été.

Alors j’offrirai aux oiseaux de passage,
Un abri bien feutré quand crèvent les nuages
Et pour me remercier, ils chanteront si fort
Que tu n’affoleras plus, même les sémaphores.
Madame la Tempête, sache que de temps en temps,
Il y aura des chants bien plus forts que tes vents.

L’automne reviendra rougeoyer mes feuillages
Et me déshabiller à l’aube du voyage
Qui mène les vieillards aux sources de la terre
Mais ça m’est bien égal, j’ai mordu la poussière.
Dans un matin d’hiver, dévoré de givre,
Madame la Tempête, tu m’as appris à VIVRE

Annie K. Barbier
La voyageuse sur le banc

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